Outre la famille des propriétaires, les palais romains étaient habités par la « cour » des secrétaires, employés, précepteurs et domestiques. Très souvent, les palais étaient construits par des familles liées au pape, par des cardinaux ou par des banquiers, ces derniers occupant une place primordiale dans l’économie de l’état. Le palais était de ce fait un lieu de représentation, un symbole de pouvoir et l’image du rang de la famille.
Il arrivait souvent que le pape ne soit pas romain, ou qu’il appartienne à une famille installée à Rome depuis quelques années seulement. Les membres de sa famille devaient de ce fait rapidement se doter d’une résidence digne de leur nouveau statut de parents du souverain régnant, pour ce qui est des dimensions comme du décor architectural. De plus, en règle générale, le pape planifiait très vite un mariage entre un de ses neveux et une dame de la haute aristocratie romaine. Une initiative, qui, outre les bénéfices qu’en retirait le cardinal-neveu, assurait à sa famille une ascension socio-économique définitive.
Les dessins de Nicoletti dévoilent la structure interne d’un palais romain typique. Dans le hall d’entrée, des niches abritaient des sculptures antiques et modernes. Leur présence, véritable signe d’élévation sociale, introduisait au faste des intérieurs, habillés de tapisseries et de peintures de formats divers et ornés de meubles de prix comme d’objets précieux.
Le tableau de Giovanni Paolo Panini représentant la collection du cardinal Silvio Valenti Gonzaga montre comment le fait de rassembler des œuvres, picturales surtout, qu’elles soient contemporaines ou de maîtres plus anciens, était pour l’aristocratie une manière de se distinguer, en exhibant sa richesse et sa culture. Cultiver les beaux-arts intronisait du même coup les propriétaires parmi l’élite sophistiquée des intellectuels, en tant qu’Académiciens d’honneur de l’Accademia dell’Arcadia ou de celle de San Luca. Leurs résidences étaient décrites dans les guides et attiraient souvent des voyageurs choisis, érudits ou « milords » anglais effectuant leur Grand Tour.
L’ensemble de ce qui est présenté dans l’exposition, articulé pour des raisons de clarté en différentes sections, aurait pu aisément constituer un décor de palais romain, avec sa variété et son raffinement, capable à lui seul d’incarner l’image pluriséculaire et complexe de l’incomparable patrimoine de la cité, dans toute sa « grande bellezza ».