Exposition “La Grande Bellezza, L’Art à Rome au XVIII° siècle,1700-1758” 24 juin -3 octobre 2022

LA FÊTE ET LE SPECTACLE

Au XVIIIe siècle à Rome, la fête occupe une place fondamentale. Davantage que les autres capitales européennes, la cité est le théâtre d’innombrables évènements spectaculaires, liés à la vie religieuse mais revêtant surtout une fonction diplomatique. Véritable carrefour européen, Rome abrite les ambassades de toutes les nations du continent, mais elle est aussi la résidence de divers souverains qui y demeurent sous la protection du pape, comme Maria Casimira de Pologne ou Jacques III Stuart, prétendant au trône d’Angleterre, avec sa famille. La position centrale et neutre de Rome incitait chaque délégation européenne à y célébrer ses évènements les plus marquants, comme les naissances et les mariages royaux, qui s’ajoutaient aux fêtes liées à l’élection des papes ou aux canonisations. Toutes ces célébrations donnaient lieu à une incroyable débauche d’arcs de triomphe, de façades factices, munies de statues et de représentations allégoriques, pour les palais comme pour les églises, de structures éphémères au centre des places et surtout à de monumentales machines à feux d’artifice. De nombreux artistes, architectes, peintres et sculpteurs participaient à cette incessante activité scénographique, aidés des meilleurs artisans spécialisés d’Europe, qui réalisèrent des chefs-d’œuvre de dimensions parfois téméraires, comme l’installation pyrotechnique construite en 1728 pour les doubles noces royales d’Espagne et du Portugal, haute de plus de 40 mètres. La Chinea était une fête qui revenait chaque année : il s’agissait de l’hommage du royaume de Naples au Saint-Siège, à l’occasion duquel étaient érigées des structures pour feux d’artifice transformées dès le lendemain en nouvelles scénographies, redoublant ainsi l’émerveillement du public. L’activité musicale était aussi très riche. Si dans la première moitié du siècle, l’opéra, à cause des restrictions papales, n’était pas aussi actif qu’à Venise ou à Naples, de nombreux théâtres privés donnaient des mélodrames et des cantates. Les représentations d’oratorios sacrés ou profanes, les sérénades de commémorations, presque toujours accompagnées de mises en scènes spectaculaires, étaient également très fréquentes.