Exposition “La Grande Bellezza, L’Art à Rome au XVIII° siècle,1700-1758” 24 juin -3 octobre 2022

L’ÉGLISE

Depuis le Moyen Âge, le tissu urbain de Rome a toujours été caractérisé par son grand nombre d’églises. Au début du XVIIIe siècle, elles étaient si nombreuses, surtout par rapport  à la population de la ville – somme toute assez exigüe – qu’il n’y avait plus besoin d’en construire d’autres. Pourtant, certaines églises furent à cette époque entièrement reconstruites (les Santi Apostoli) et nombreux furent les travaux de modernisation ou de mise au goût du jour dans des églises parfois très anciennes (de San Clemente à Santa Cecilia).

Dans l’église la plus importante de la chrétienté, la basilique Saint-Pierre, se poursuivait l’entreprise pluriséculaire de décoration à mosaïque, terrain d’affrontement des deux plus grands peintres de l’époque, Batoni et Subleyras qui y réalisèrent  des tableaux d’autel destinés à être traduits dans ce matériau. Le Français avait, selon les connaisseurs de l’époque, la supériorité sur l’italien.

Au début du nouveau siècle, dans la nef de la cathédrale de Rome (Saint-Jean-de-Latran), déjà rénovée pour le Jubilé de 1650 sur des dessins de Francesco Borromini, deux grandes entreprises furent menées à termes : la colossale série des Apôtres en marbre pour les niches du bas et au-dessus, celle des Prophètes sur toiles ovales, qui firent de ce lieu une des réalisations majeures de la Rome moderne.

Les cérémonies de béatification et canonisation donnaient lieu à des mises en scène spectaculaires qui, dans la Rome du temps, avaient peu d’équivalent. Elles rappelaient aussi qu’à Rome, alors même qu’on allait vers les Lumières, l’Église et l’art religieux constituaient encore pour les artistes le principal employeur. Certes, ce n’était plus l’Église de saint Charles Borromée ou de Sant Philippe Neri,  ainsi que le montrent les vues d’intérieurs de Saint-Pierre ou de Saint-Jean-de-Latran de Panini et de Piranèse, ressemblant à des galeries princières. On y voit des groupes de visiteurs, presque des touristes, se mouvoir dans un espace qui ne semble plus empreint d’aucun mysticisme. D’ailleurs, à la fin des travaux de réfection de Santa Maria Maggiore conduits par Ferdinando Fuga, en 1750, Benoît XIV commenta : « on croirait que nous sommes des régisseurs de théâtre car ça ressemble à une salle de bal. »