Poussin – Midas à la source du Pactole

Nicolas Poussin

Les Andelys, 1594 – Rome, 1665)

Midas à la source du Pactole

Le tableau de Nicolas Poussin, Midas à la source du Pactole, est au premier regard très discret. De petit format, d’une couleur éteinte, presque monochrome, il représente un roi allongé près d’une source et un jeune homme demi-nu s’apprêtant à en boire l’eau.

Il s’agit de la conclusion d’une histoire tirée des Métamorphoses d’Ovide. Midas, pour avoir ramené à Bacchus son fidèle compagnon Silène, se voit offrir par le dieu « le libre choix d’une récompense ». Le roi Midas demande à ce que tout ce qu’il touche soit transformé en or. Fou de joie dans un premier temps, il se rend compte qu’eau et nourriture vont vite venir à lui manquer, étant changées en or au moindre contact. Bacchus accepte de le délivrer de ce charme mortel en lui enjoignant d’aller se laver à la source du Pactole, afin de se purifier.

Poussin a représenté à la même époque plusieurs épisodes de cette histoire, parmi d’autres scènes mythologiques.

Nous sommes dans les années 1626 – 1627. Poussin est installé à Rome depuis environ deux ans. Malgré certaines difficultés à ses débuts ; il réussira vite, grâce à la protection d’importants mécènes et amateurs, à faire carrière dans la ville, recevant des commandes importantes, et bénéficiant surtout de clients fidèles, souvent français. Dès cette époque, Poussin montre une variété, une invention et un sens de la narration qui en feront, de son vivant même, un peintre admiré autant pour ses qualités intellectuelles que picturales : le grand protagoniste du classicisme français.

Le tableau d’Ajaccio fait partie de sa période la plus chaleureuse et sensuelle. Les personnages baignent dans une nature et une lumière idylliques, imprégnées de l’atmosphère des Bacchanales de Titien.

Malgré son apparente modestie, le tableau est une véritable fable morale illustrée. Poussin en effet ajoute un épilogue à l’histoire, créant une sorte de Vanité. Le grand artiste a accordé parfaitement les tons mordorés de la peinture, évoquant l’« or fauve » dont parle Ovide, à la tonalité crépusculaire et mélancolique du sujet. Midas, tourné vers le couchant, médite sur les impasses de la cupidité, tandis qu’un jeune homme inventé par Poussin assiste incrédule au miracle de l’apparition des paillettes d’or dans le creux de sa main.


 

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