Eugène d’Argence
(Saint-Germain Villeneuve, 1853-Issy les Moulineaux, 1914)
Vue d’Ajaccio, après-midi de décembre
Ayant suivi une formation classique, il se tourne très vite vers la peinture de paysage en plein air, suivant la mode impressionniste. Peintre originaire de la région parisienne, il commence par peindre des paysages du nord de la France avant de changer d’orientation et de se diriger vers le sud. Argence arrive à Ajaccio sans doute à l’extrême fin du XIXe siècle, peut-être lors d’une escale vers l’Algérie, ou lors d’une traversée du Paris-Lyon-Méditerranée pour lequel il réalisait des travaux publicitaires.
Peinte dans un style impressionniste tardif, cette vue d’Ajaccio est présentée au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1899. L’angle de vue adopté est original, l’artiste l’ayant certainement repéré en entrant par bateau dans la rade. En effet, cette représentation de la rive sud de la ville depuis les hauteurs du lieu-dit du Salario est relativement rare et, en cette fin de siècle, vraisemblablement unique. Dans cette œuvre, Argence apporte un soin particulier au traitement de l’ombre et de la lumière.
Lors de sa présentation, cette vue d’Ajaccio a bénéficié d’un soutien inconditionnel inattendu en la personne du député de la circonscription de Sartène, Emmanuel Arène. L’homme politique était également rédacteur de la critique d’art du journal Le Matin et il en profita pour demander que l’État s’en porte acquéreur afin de la déposer à Ajaccio. Ce fut chose faite le 8 juin 1899 pour la somme de mille cinq cents francs, et la toile intégra les collections du palais Fesch le 23 août 1900.