Jean-Luc Multedo
(Bastia, 1812 – Italie? 1894)
La forêt de Valdoniello
Jean-Luc Multedo s’applique à la tradition de la peinture en plein air héritée des paysagistes qui, comme lui, ont séjourné en Italie. En concevant cette œuvre, il ouvre une véritable fenêtre sur la forêt de Valdoniello, paysage montagneux de la région du Niolu (Haute-Corse), entre le village d’Albertacce et le col de Vergio.
La forêt de Valdoniello est présentée au Salon des Artistes Vivants de 1866 et le ministère de la Maison de l’Empereur s’empresse de l’acquérir afin de la déposer au Palais Fesch.
L’œuvre fait sensation, comme en témoigne l’article du journal L’Avenir de la Corse : « Oui, voilà bien les voûtes ombreuses, la sombre majesté, les sites pittoresques, de notre chère vieille forêt de Valdoniello ! Les amateurs, le public s’arrêteront sans doute avec admiration devant cette toile d’élite, que dominent si fièrement les géants sans rivaux de nos bois ; mais cette image saisissante, pour ainsi dire photographiée sur place avec ses chaudes teintes, ses aspérités originales, presque sauvages, qui ont un air de famille avec les forêts de l’Amérique du Sud, ne sera véritablement comprise que par une âme corse ».
Fait étrange pour cette toile, mais la valorisant d’autant plus, il semblerait qu’elle soit la première représentation de la Corse faite par un artiste né en Corse (exception faite de Jean-Jérôme Levie dont l’activité s’est limitée à l’aquarelle). De plus, cette œuvre marque une transition dans la perception de la Corse par ses habitants. En effet, jusqu’à présent les insulaires connaissaient les vertus de leur sol et les moyens à mettre en œuvre pour les exploiter, mais il n’était nullement question de mettre en exergue ses qualités esthétiques. Multedo, en revanche, est le premier peintre insulaire à faire de la nature corse un objet de contemplation.
