Francesco Solimena
Né à Canale de Serino, en Campanie, en 1657, mort à Barra, tout près de Naples, en 1747
Le Départ de Rébecca
Francesco Solimena fut un peintre très connu en son temps. Son rayonnement dépassa largement sa ville de Naples, puisqu’il fut copié notamment par les deux grands artistes du rococo français, Boucher et Fragonard.
À travers ses nombreux élèves, dont Corrado Giaquinto à qui cette salle est consacrée, il est le maillon qui relie le baroque encore ténébriste et caravagesque de Luca Giordano et Mattia Preti, au rococo, ce style aérien et lumineux qui au XVIIIe siècle va gagner Venise, l’Espagne, la Bavière et la France.
Le Départ de Rébecca est une composition typique de la maturité de l’artiste, élégante, solennelle, solidement implantée dans l’espace, malgré une profusion de personnages et de mouvements contraires. L’épisode, biblique, est rarement représenté. Il s’agit des adieux de Rébecca, la promise d’Isaac, à sa famille. Eliezer, ici le personnage à droite en cuirasse et manteau rouge, a été envoyé par Abraham au pays de ses ancêtres, pour chercher une fiancée pour son fils Isaac.
Dans une lumière de petit matin, sur les marches du palais de Rébecca, on assiste donc aux préparatifs du départ imminent. Une servante s’active encore à ajuster la robe de Rébecca, un cavalier de dos au premier plan indique qu’il est temps de partir. La jeune fiancée baise respectueusement la main de son père, tandis que sa mère, coiffée de bleu, se tient mélancoliquement en retrait et que son frère, à demi caché par Eliezer, essuie ses larmes. Les personnages principaux forment entre eux une courbe gracieuse qui structure la composition.
D’autres saynètes secondaires, comme les chiens au premier plan, les servantes à l’arrière plan en train d’agiter des draps, ajoutent au pittoresque et à l’agitation générale, sans enlever au tableau l’accent de gravité et d’émotion qu’il dégage.
Caractéristiques du peintre, les ombres noires, distribuées partout, le disputent à des couleurs claires et nacrées, le tout baignant dans une lumière froide.
