Sandro Botticelli
(Florence, 1445 – 1510)
Vierge à l’Enfant soutenu par un ange sous une guirlande
Botticelli, comme la plupart des artistes rassemblés dans cette salle, est florentin. Il est l’héritier direct des premiers maîtres de la Renaissance, Masaccio ou Donatello, et le contemporain de Laurent de Médicis, dit Le Magnifique, grand protecteur des arts.
Œuvre de jeunesse, ce retable, sans doute destiné à une chapelle, possède déjà la grâce et la tendresse des œuvres de la maturité de l’artiste. Cependant, celui-ci est proche encore ici de son maître Filippo Lippi, à qui il emprunte l’idée de l’ange soutenant l’Enfant (visible dans un tableau de Lippi conservé à la Galleria degli Uffizi de Florence). Il s’inspire peut-être aussi, pour le dessin de cet ange adolescent, d’un bas-relief de terre cuite d’Andrea del Verrocchio (musée du Louvre). Mais Botticelli, qui avait environ vingt ans lors de la création de ce tableau, affirme déjà une virtuosité personnelle dans le rendu des draperies souples et mouvementées, comme dans l’expression de cette douceur un peu mélancolique qui lui est propre.
Toutes ces qualités sont résumées par la seule figure de l’ange, dont le visage semble éclairé par une vision sublime. Il vient de se poser d’un pas dansant sur un sol de marbre multicolore qui a l’aspect impalpable de la lumière. Le geste de tendresse de l’Enfant Jésus vers sa mère existe déjà dans certaines icônes byzantines, mais Botticelli le transforme en une expression très humaine.
L’espace est ceinturé par un mur rose. Une guirlande inspirée de sculptures antiques (malheureusement très abîmée) encadre la scène. Ce mur et cette guirlande évoquent sans doute le jardin clos, symbole de la pureté de la Vierge.
Botticelli parvient à trouver un équilibre subtil entre les significations théologiques de la scène et le raffinement décoratif des détails, tout en laissant la place à un profond sentiment d’humanité.