Luca Giordano – Saint Sébastien

Luca Giordano

(Naples, 1634 – 1705)

Saint Sébastien

Né bien après la mort de Caravage, le Napolitain Luca Giordano est un des derniers peintres italiens à avoir connu des débuts caravagesques. Le clair-obscur dramatique comme le réalisme cru de certains détails font du Saint Sébastien et du Martyre de saint Pierre des exemples caractéristiques de la jeunesse de l’artiste. Peintre extrêmement prolifique, au point qu’on le surnommait Luca fa presto (Luca le rapide), Giordano va évoluer vers une manière plus baroque, colorée, claire et aérienne, très différente de ces premiers tableaux dits « ténébristes ». Très jeune, il a été l’élève de l’Espagnol installé à Naples Jusepe Ribera, un des plus grands peintres de la première partie du siècle. Devenu maître indépendant à son tour, il continue à s’inspirer, même tardivement dans sa carrière, de compositions du maître espagnol, comme ici avec ce Saint Sébastien très proche d’un tableau de Ribera conservé au musée Capodimonte de Naples.

Saint Sébastien est un des saints les plus populaires depuis le Moyen-âge, parce qu’on invoquait sa protection contre les épidémies de peste. C’était un centurion romain qui vécut sous le règne de l’empereur Dioclétien, à la fin du III ème siècle de notre ère. Chrétien, il fut condamné par l’Empereur à être attaché à un poteau au milieu du Champ-de-Mars, où il servit de cible vivante à des archers. Il ne meurt pas cependant des suites de ce martyre, étant soigné par une veuve compatissante, sainte Irène.

Depuis la Renaissance on le représente demi–nu, jeune, tel un Apollon, le corps à peine percé d’une ou deux flèches, comme ici. Luca Giordano reprend aussi ce caractère juvénile, ce corps presque indemne, mais accentue l’expression pathétique du personnage, entre extase mystique et douleur réelle. Le corps émacié traverse le tableau en diagonale, grandeur nature, en un plan très rapproché. Peu de détails et très peu de couleurs distraient le regard de ce torse nu à la chair grise-argentée, comme envahi déjà par l’obscurité du fond.


 

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