Ludovico Carracci
(Bologne, 1555 – Bologne, 1619)
Saint Jean-Baptiste à la source
La ville de Bologne, en Émilie, abrite à la fin du XVIe siècle une importante école de peinture, qui va marquer le nouveau siècle.
Les frères Annibale et Agostino Carracci (ou Carrache en français) et leur cousin Ludovico y fondent en effet une académie en 1585, où le retour à l’imitation de la nature est un pilier de l’enseignement, en plus de la référence à l’ idéal classique de la Renaissance et de l’Antiquité. À travers leurs nombreux élèves, exceptionnels pour beaucoup, comme Guido Reni, le Domenichino, Albani, Lanfranco ou Guercino, ils imprimèrent leur style dans leur ville mais à Rome aussi entre autres, et ouvrirent la voie à la grande décoration baroque comme à la tendance classique du XVIIe siècle, qui va se développer notamment en France.
Jean-Baptiste à la source, de Ludovico Carracci, témoigne de ce nouveau style que l’on a parfois taxé d’éclectique : le corps puissant du jeune homme est celui d’un athlète antique, son visage a la douceur enfantine du Corrège, la lumière chaude rappelle celle des paysages de Titien.
L’art des Carrache est en accord avec les exigences du Concile de Trente : le respect des textes religieux et du décorum, le refus de l’anecdote et de toute extravagance. Ici Ludovico Carracci donne toute son importance à la signification chrétienne du geste du personnage : Jean-Baptiste se prépare à baptiser Jésus, son regard est illuminé par la vision du Christ que l’on ne voit pas pourtant, mais que le spectateur peut imaginer, hors- champ.